Un meuble original au Cap Sizun le drustuilh

Ce meuble est vraiment une particularité du Cap Sizun profond car il ne semble pas exister à l’est du bourg de Beuzec-Cap-Sizun et le travail de Fabien Serre complète largement l’article d’Yves ROZEC dans la revue ARMEN n°70 de septembre 1995

Actuellement le recensement continue et  atteint plus de 150 meubles, dont 131 dessinés mais la quête de nouveaux exemplaires est toujours en cours

Un recensement fait par la Région Bretagne en 1977-78-79 sur les communes de Cléden, Esquibien, Goulien, Plogoff, Primelin en avait collecté 69 dont 27ont été retrouvé en 2018 .

Ce qu’il y a d’incroyable c’est qu’il n’ y a pratiquement pas un seul meuble identique.

Nous remercions évidemment toutes les personnes qui nous ont autorisé à prendre leurs meubles en photo.

Si cela vous intéresse de participer à ce recensement que Fabien Serre se propose de continuer avec moi,vous pouvez me transmettre des photos à l’adresse suivante:            lannigarververo@orange.fr

La photo du meuble avec son  dessin sera mise sur le blog en précisant par souci de confidentialité ,uniquement le nom du village d’où il provient.

Compte tenu de la finesse des sculptures il est important de disposer d’une photo globale et des photos de détail sur la niche et les frises. En contrepartie je vous enverrai un fichier jpeg du meuble dessiné.

Pour compléter l’excellent article d’Ar Men j’ai retrouvé grâce à Yvette le Bars le nom d’un des ébénistes fabricant de drustuilhs. En fait il s’agit de Pierre yves le Moigne né le 18/08/1859  et décédé le 20/11/1898 à Kerscao en Esquibien. Il s’est marié le 14/11/1883 à Jeanne Marie Saouzanet ,couturière.

Ils ont eu 4 enfants dont Jean Guillaume le Moigne  né le 19/11/1887 et décédé le2/01/1968 également ébéniste, marié à Catherine Yvonne Scoarnec, commerçante à la Croix-Rouge.D’après Yves ROZEC ils auraient fabriqué une centaine de meubles. Le style des drustuilhs le Moigne est reconnaissable (voir meubles n°5,6,11,14,15,25,31,32,36,68,99  )

Les traits caractéristiques sont les suivants:

-ostensoir flanqué d’une bougie de chaque côté ,surmonté d’une coupole comportant des lunules et reposant sur un autel trapézoïdal surmonté d’une nappe. un dessin de 2 rameaux symétriques entourant un cœur est visible sur la façade de l’autel  .

 -niche comportant 7 arêtes

-sous la niche quadrilobe à 8 pointes avec à l’intérieur un mandala central flanqué aux 4 coins d’une étoile .

-portes symétriques

-date au-dessus de la  niche encadrée par 2 rameaux feuillus entrecroisés

                                 -traverse supérieure ornée de motifs végétaux entrecroisés(rose ou vigne)

-traverse médiane ornée de motifs végétaux entrecroisés

Les meubles n° 6,14,68 ont dû être fabriqué par le père et les autres par le fils

                                                                                                                                                                             En fait je suis cousin avec les le Moigne à la 4ème génération du côté des Pellé. Mon Arrière grand-mère Marie Pellé est née à Esquibien à Kerandraon.

Il y avait surement plusieurs ébénistes fabricant de drustuilhs dans le Cap Sizun;Il y en aurait eu un à Plogoff et un à Primelin ,un Cloarec originaire de Kerscoulet et déménagé sur la grande route à l’entrée de la route de Kerscoulet à l’ancien bureau de Poste .

LE DRUSTUILH, UN DECOR PARTICULIER par Fabien SERRE

De nombreux ouvrages et publications sur le Cap-Sizun font état des fonctions physiques et symboliques du drustuilh : parmi eux l’article de Yves Rozec et Jean François Simon dans le numéro 70 de la revue AR MEN de septembre 1995, le catalogue de l’exposition « Architecture rurale et mobilier au Cap-Sizun » de Catherine Toscer, Marie Berthou et Françoise Hamon de l’Inventaire Général des Monuments et des Richesses Artistiques de la France, en 1979 et le tome deux du « paysan breton et sa maison » de TIEZ en 1988.

Mais ici, l’intérêt est porté uniquement sur le décor du meuble.

Le drustuilh est le meuble le plus éclairé de la maison capiste, il est aussi le premier que l’on voit lorsqu’on entre chez quelqu’un. Il est donc logique qu’il soit le meuble le plus décoré et le plus soigné de la maison.

L’étude des décors montre ainsi une créativité sans limite et le talent spectaculaire des artisans capistes de la fin du 18e siècle au début du 20e siècle.

Ce petit inventaire a été réalisé de février 2017 à janvier 2018 pendant ma mission au Marquisat. J’ai passé un an à travailler devant un drustuilh et j’ai tout de suite été impressionné par le décor sculpté de ce meuble, j’ai donc commencé à le dessiner. Puis j’ai dessiné celui de la cuisine du musée et j’ai vite remarqué que malgré leur structure similaire, ces deux meubles étaient très différents.

J’ai donc demandé autour de moi à voir d’autres drustuilhs pour comparer les décors avec les deux du musée. Le fil rouge de ma mission au Marquisat a commencé comme ça.

Trouver des drustuilhs en 2017

Contrairement à ce que je pensais au départ, il y a encore beaucoup de drustuilhs dans le Cap-Sizun en 2017. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce fait :

De par leur très faible profondeur (contrairement aux lits-clos et armoires par exemple), ils ne sont pas encombrants s’ils sont mis le long d’un mur.

Leur forte valeur sentimentale et leur typicité peuvent également expliquer la difficulté qu’ont les capistes à se séparer de ce « meuble de famille ». Une propriétaire de drustuilh originaire d’Audierne, par exemple, a déménagé en Savoie avec son meuble.

A l’image des façades de lits-clos, les drustuilhs peuvent également être transformés et ainsi rester dans la maison. Plusieurs personnes ont changé leur meuble en une petite armoire d’une 60aine de cm de profondeur, certains drustuilhs ont été intégrés à une cloison qui sépare la salle à manger de la cuisine et d’autres ont été transformé en tête de lit !

Pour trouver les drustuilhs de ce petit inventaire il y a tout d’abord la recherche sur internet :

Mises à part les images trouvées suite à une simple question au moteur de recherche, un tour régulier sur le bon coin permet de visiter quelques meubles avant leur vente.

De nombreux drustuilhs sont également visibles dans des lieux « publics » du Cap : le Marquisat de Pont-Croix, le musée maritime à Audierne, la chapelle de Saint-Tugen en Primelin, la buvette de Pors Théolen en Cléden-Cap-Sizun, le moulin de Tréouzien en Plouhinec, etc…

Mais ce sont les visiteurs du musée qui ont été la principale source d’information pour la localisation de drustuilhs :

Les touristes, pour commencer, reconnaissent ce meuble étrange qu’ils ont vu dans leur lieu de vacances : hôtel, gite ou chambre d’hôtes. Il n’y a plus qu’à aller voir sur place.

Les propriétaires de drustuilhs, capistes ou non, en voyant l’intérêt porté par le musée à ce meuble peuvent également envoyer des photos ou ouvrir leur porte. Certains visiteurs passionnés se chargent même de la collecte eux-mêmes, chez les voisins, la famille.

Démarcher les brocanteurs locaux s’avère être aussi une bonne méthode.

Aujourd’hui, à quelques jours de la fin de mon contrat, j’ai dessiné 32 drustuilhs. Je peux dire aujourd’hui que chacun des 29 meubles est unique, aucun n’est la copie parfaite d’un autre même si certains se ressemblent vraiment beaucoup.

La première conclusion de cette recherche est qu’il existe une très grande diversité dans les décors de ce meuble capiste et que les artisans locaux, en plus de leur créativité certaine, ont un talent spectaculaire.

La deuxième remarque est qu’on peut voir ressortir des « styles » ou des « modes » dans les décors. Ce qui pose la question du choix des motifs.

Dessiner les drustuilhs

Dessiner les décors le plus fidèlement possible facilite la comparaison entre plusieurs meubles. Je suis parti d’une base simple que j’ai adaptée pour chaque dessin : Je ne m’intéresse qu’à la cloison, je n’ai donc pas pris en compte le banc ou le coffre.

Cette base est simple : deux montants extérieurs prolongés en pieds, deux portes, une niche à la vierge, un panneau sculpté pour la rosace et 3 ou 4 (ou 7) panneaux inferieurs.

LA STRUCTURE DU MEUBLE

Avant de parler des décors sculptés à proprement parlé, j’ai remarqué de grandes variations sur les éléments constitutifs de la structure du meuble.

La niche à la vierge.

Elle apparait au début du XIXe siècle et connaitra une longue carrière. Véritable centre du meuble, elle (et les ostensoirs) témoigne de la fonction sacrée du drustuilh qui fait office d’autel particulier, notamment lors de la toilette du mort sur la table de la salle commune.

Comme son nom l’indique, elle abrite une statuette de faïence polychrome de Quimper représentant la Vierge à l’Enfant, Sainte-Anne ou Joseph et l’enfant Jésus. Je ne ferai pas référence à la statuette dans cet inventaire.

La niche montre plusieurs découpes : En plein cintre, avec un culot en saillie, polygonale chantournée à 5, 6 ou 7 arêtes ou encore avec des découpes beaucoup plus complexes.

C’est le seul élément du meuble avec les portes que j’ai retrouvé systématiquement

Le panneau de la rosace

Observé sur tous les meubles sauf un (cf. n°13) ce panneau accueille un décor sculpté important du drustuilh : la rosace dont nous parlerons plus loin.

Ce panneau, lorsqu’il est présent, se situe systématiquement en dessous de la niche à la Vierge.

Peu de variations sont à observer pour ce motif-ci, mais en regardant de plus près, on peut observer quelques différences dans sa découpe.

Les portes

Même si les deux portes ont des ferrures, seule la porte côté mur (au sud) avait une serrure. Elle s’ouvrait sur un petit placard peu profond où le chef de famille (qui avait la clé) mettait le livre des saints, une bouteille de gnole, sa blague à tabac et autres choses importantes pour la maison.

Il est intéressant de voir de quel côté se trouve la serrure sur un drustuilh, car il indique où se situait le « haut-bout » de la maison par rapport à la porte d’entrée. En effet, si la serrure est sur la porte gauche, le haut-bout se situait automatiquement à gauche de la porte d’entrée . En effet pour impressionner le visiteur le drustuilh devait faire face à la porte d’entrée.

Aujourd’hui, certains drustuilhs ont été transformés en armoires et on observe des serrures sur les deux portes.

Quant à la moulure du panneau de la porte, elle varie surtout entre les deux premiers modèles présentés ci-dessus mais peut aussi être plus ou moins complexe.

Les panneaux inférieurs

Cette partie du meuble est logiquement moins décorée car elle sert de dossier. Cependant, on peut noter certaines variations sur le nombre de ces panneaux.

La grande majorité des drustuilhs que j’ai pu observer en ont 3 mais on peut en trouver 4 ou plus rarement 7.

La moulure de ces panneaux est très simple sauf dans un cas (cf. n°9)

LES DECORS SCULPTES

Les décors que j’ai observés sont tous sculptés à même le bois du meuble sauf dans le cas du n°23. Dans ce cas unique, les décors ont été découpés dans une fine planchette, travaillés minutieusement puis cloués sur le meuble. Cette méthode n’est pas pérenne car aujourd’hui, une grande partie des décors ont disparu.

Les ostensoirs.

Le drustuilh est aussi appelé le meuble aux ostensoirs. Très stylisés et différents, ils sont situés de part et d’autre de la niche à la Vierge. C’est le décor le plus abouti et le plus complexe du meuble.

Le décor du drustuilh n°26 est très épuré du fait de la nature de son bois (acajou). Ce bois très dur a, semble-t-il, forcé l’artisan à aller droit à l’essentiel : à savoir une rosace et deux ostensoirs.

On comprend vite que l’ostensoir est le décor central de ce meuble très religieux. Cependant, à Plogoff, il y a un drustuilh sans ostensoir. A leur place on peut observer une plante à fleurs aux nombreuses ramifications sortant d’un vase. (cf. n°9) Il faut souligner que ce meuble, non daté, est vraiment très spécial mais il possède un niche à la Vierge, il ne peut donc pas être considéré comme « laïque ».

L’ostensoir est parfois représenté sur un pied, parfois sur un vase (cf. n°12 et 24) ou encensoir, parfois sur rien. Il est régulièrement flanqué de deux bougies et plus rarement de deux fleurs (cf. n°7, 12, 24) mais on peut aussi le retrouver seul.

Sur certains meubles datés de 1860 à 1875, il est associé à une petite rosace située en dessous (cf. n°1, 4, 10, 21, 26) (le 26 n’est pas daté, la présence de cette petite rosace permet peut-être de donner une idée de l’année de sa fabrication).

Au centre des rayons de l’ostensoir, il y a souvent une pièce de laiton ronde, carrée ou plus complexe, mais ce n’est pas systématique. (Pour observer ces pièces, il faut se référer aux photos présentes sur les fiches car elles apparaissent mal sur les dessins.)

Ces ostensoirs sont souvent sculptés dans une « fausse niche » un peu en retrait dans la profondeur du meuble.

Sur les ostensoirs du drustuilh n°8 sont gravées les initiales du propriétaire du meuble.

La rosace

Situé dans un panneau prévu à cet effet sous la niche à la Vierge, ce motif est en général de forme circulaire et parfois entouré de 4 petites étoiles.

Qu’il s’agisse d’étoiles (à 7 ou 8 branches), de fleurs (à 5 ou 6 pétales), de soleils, de lunes, d’angelot en relief (cf. n°27) ou de formes plus complexes (cf. n°30), la rosace est présente sur presque tous les meubles que j’ai observé.

J’ai rencontré deux configurations dans lesquelles la rosace est absente du décor :

Sur le meuble d’Audierne n°13, le panneau de la rosace est absent. La niche, d’une forme inédite et très étirée, ne permet pas de placer ce panneau. Cependant, un cœur est gravé sous la niche et une étoile à 7 branches au-dessus.

Sur deux autres meubles (cf. n°17 et 24), le panneau existe, mais il n’y a pas de rosace dedans.

Notons également que sur le meuble de Lervilly n°23, parmi tous les décors, seule la rosace est gravée.

La frise supérieure

Entre la corniche et le haut des portes se trouve la plupart du temps une frise soignée. L’emplacement qu’elle occupe est plus ou moins coupé en deux pas le haut de la niche à la Vierge, c’est pourquoi, cette frise est généralement composée de deux motifs symétriques séparés de temps en temps par un élément gravé, le plus souvent, la date de fabrication du meuble.

Quand je dis « symétrique », c’est sans compter l’intriguant meuble de Cléden-Cap-Sizun n°27.

Ici, on peut observer la seule asymétrie de cet inventaire. Le côté gauche de la frise représente du lierre alors que l’on voit du chêne sur le côté droit. Cette asymétrie est également présente sur la frise médiane et sur les montants extérieurs.

Sur ce meuble et sur d’autres, on est en présence de motifs végétaux (lierre, chêne, rosier, vignes), mais il y a aussi des frises très géométriques, soit à base de rosaces, d’étoiles, de losanges ou alors un simple liseré étroit très travaillé (cf. n°9 et 28). Certaines frises mélangent motifs végétaux et formes géométriques (cf. n°8 et 29)

La date, lorsqu’elle est présente, est le plus souvent gravée au-dessus de la niche à la Vierge. Elle peut être à l’intérieur d’un « fausse niche » de formes diverses, entourée par deux rameaux entrecroisés ou alors isolée.

La frise médiane

Quand elle est présente, elle se trouve entre les panneaux inférieurs et les portes.

Conçue sur le même principe que la frise supérieure : deux motifs symétriquement disposés autour d’un élément central qui peut être une fleur (cf. n°2), une coquille (cf. n°3), un cœur (cf. n°18), un losange (cf. n°16), etc… elle peut cependant, de temps en temps s’étendre d’un bout à l’autre du meuble sans interruption tout en gardant la symétrie.(cf. n°7, 25, 27, 28, etc…)

Aussi soignée que la supérieure, la frise médiane propose les mêmes motifs : végétaux, formes géométriques ou les deux.

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Autres décors

Entre la niche et la rosace

Quand la place le permet et que le style s’y prête, on peut observer quelques fois un petit motif entre le panneau de la rosace et la niche à la vierge (cf. n° 6, 8, 11, 15, 16, 25, 31, 32)

Mis à part le n°16 qui semble être une date et le n°8 qui parait être un cœur stylisé, les autres meubles qui possèdent ce motif semblent appartenir tous au même style dont nous parlerons plus loin. Sur ces meubles « récents » (datés de 1897 à 1909) apparaissent en effet un motif de vigne à cet emplacement avec une mention spéciale au n°32 sur lequel sont gravés les initiales des propriétaires : J ;D, M :Y :N.

Les montants extérieurs

Observé sur seulement quatre meubles (cf. n°7, 9, 27 et 28), ce motif est avant tout une frise géométrique très simple plus ou moins large qui descend jusqu’en bas des montants.

Pourtant, sur le meuble asymétrique n°27, cette frise est plus travaillée. Elle est dans le prolongement de la frise supérieure (motifs végétaux) et évolue vers des cœurs stylisés et des formes géométriques plus simples.

Entre les panneaux inférieurs

Le drustuilh le plus connu du Cap (en tous cas celui dont on m’a le plus parlé) est sans conteste le meuble visible par tous dans la buvette de Pors Théolen (cf. n°12).

Sur les montants secondaires qui se trouvent entre les panneaux inférieurs, sont gravées deux tours-Eiffel ! Pratique pour dater le meuble mais surtout extrêmement intéressant pour l’étude des décors car il ne s’agit pas d’un motif courant pour ce genre de meuble.

Des motifs végétaux sont également visibles sur les meubles 8, 9 et 27 à ce même emplacement

Sur le meuble d’Audierne n°13, ce sont des motifs géométriques.

Essai d’interprétation du symbolisme des motifs sculptés sur les drustuilhs

La richesse et la variété des motifs sculptés, mais aussi leur constance ,font la difficulté de leur interprétation.Je sais que chaque symbole permet une interprétation individuelle, mais on retrouve sur les drustuilhs des symboles universels.

Pour réaliser ce travail je me suis appuyé fortement sur deux ouvrages :

      • Louis Grall les armoires bretonnes Lecture de la symbolique

      • Jean Chevalier Alain Gheerbrant Dictionnaire des symboles

ce dernier étant la Bible dans le domaine.

On trouvera en fin d’article la liste des ouvrages consultés.

En fait les décors se classent en 3 catégories :

-Les décors géométriques

-Les décors religieux

-les décors végétaux ou animaux

Les décors géométriques

Les Rosaces

Ce qu’on appelle rosaces ,ce sont les décors circulaires situés ,soit sous l’ostensoir, soit sous la niche, dans un cadre carré ou quadrilobé, mais aussi parfois sur la traverse supérieure ;

Ces rosaces comportent généralement 3 cercles concentriques faisant référence aux 3 mondes celtiques ou à la Trinité.

Au départ la rosace symbolise le soleil donc le Christ.

On distingue à l’intérieur des cercles des loges soit trapézoïdales, soit en forme de coquille et forment une roue en forme d’hélice, montrant un mouvement soit dextre soit senestre.

D’après Grall ces hélices symboliseraient la lune attribut de la Vierge Marie.

L’association de la rosace et de l’hélice symboliserait la création terrestre.

Ces rosaces sont présentes sur 15% des meubles.

Les losangesI

Ils sont présents sur environ 50 meubles.

On peut les classer en 2 types :

-soit un losange allongé rectangulaire(54) ou aux extrèmités arrondies.Le remplissage du losange est constitué de plumes(4,34,43,45,52,69,73,75,91).Un losange contient des branches de chêne(61).Ils sont tous présents sur la traverse supérieure. .Les losanges arrondis peuvent être assimilé à des mandorles;la mandorle symbolise l’union du Ciel et de la Terre.

-soit un petit losange court en double triangle opposé.Ils contiennent presque systématiquement un pavé mosaïque .Ils sont présents sur la traverse supérieure(9,38,40,67,79,82,92,94,112,116) , sous la niche(67,79,83,92,94,95,111,116) et enfin sur la traverse centrale(16,22,24,29,42,49,50,53,107,119,121) et peuvent être présents sur les 2 traverses .

Initialement le losange est un symbole de la vulve de la femme ;le losange arrondi symboliserait le sexe de la jeune fille.

Les Quadrilobes

Un quadrilobe est un carré dont les angles sont arrondis;cela associe donc le carré( la terre) et le cercle(le ciel).Chaque angle du quadrilobe correspondrait aux 4 éléments:l’eau,l’air,le feu et la terre.

La grande majorité de nos quadrilobes présentent 2 pointes sur chaque côté soit 8, le symbole de la perfection ,de l’infini.

Certains quadrilobes ne présentent pas de pointes et alors les lignes arrondies symbolisent le vagin, l’utérus.

Les dents de loup

Ce sont des successions de petits triangles pointes en haut qui entourent certaines sculptures.

Ils symbolisent le feu et donc la manifestation de la lumière divine,du monde céleste.Elles sont souvent présentes autour de l’ostensoir (10,22,34)

Les cercles d’ondes

Ce sont des lunules dirigées vers le haut.Ils symbolisent l’air et son présents au-dessus des ostensoirs(14,15,23)

Les étoiles

Elles sont très présentes sur les meubles et leur nombre de branches est très variable.L’étoile est un luminaire,une source de lumière ,venant du ciel,un symbole de l’esprit.

Etoile à 5 branches(54,77)

C’est un symbole de la perfection,de la manifestation centrale de la lumière,du foyer d’un univers en expansion,du microcosme humain(le pentagramme pythagoricien).

Cette étoile est présente soit au centre du quadrilobe, soit sur la traverse haute.

Etoile à 6 branches(85)

Le chiffre 6 est le symbole de la création

On l’appelle Etoile de David ou sceau de Salomon.Pour moi elle symbolise l’union de l’homme et de la femme,l’homme étant le triangle pointe en haut et la femme le triangle pointe en bas.

Pour Grall « le triangle pointe en haut exprime la nature divine du Christ,le triangle inversé,sa nature humaine »

Ce symbole est très ancien et présent dans plusieurs religions.on notera que les juifs ont été chassé de Bretagne par le Duc Jean I Le Roux en 1240 .

Etoile à 7 branches(3,18,19,38,64,76,86,102,103,104)

Elle est présente sur la traverse du haut et dans le quadrilobe et sur la traverse centrale(94,95,102)

D’après Grall « le chiffre 7 est obtenu en additionnant le chiffre 3 de la Trinité et le chiffre4 du monde terrestre.Le monde ayant été créé en 6 jours Dieu se reposa le septième et en fit un jour sacré.Le septième jour représente l’achèvement de la création dans la perfection.C’est le chiffre des péchés capitaux,des sacrements.Sept signifie la totalité de la vie morale en additionnant les 3 vertus théologales,la foi,l’espérance,la charité,les 4 vertus cardinales,la prudence,la tempérance,la justice,la force »

Unissant le carré et le triangle elle figure l’harmonie du monde,l’arc-en-ciel les 7 zones planétaires,l’être humain dans sa totalité ,les 7 archanges,

L’avantage est qu’elle est facile à dessiner.

L’étoile à 8 branches(12,112)

D’après Grall «  les 8 branches indiquent que le 8ème jour succède aux 6 jours de la création ,au 7ème du Sabbat ,annonçant des temps difficiles pour l’église ,la foi ,l’espérance d’un renouveau. Elles symbolisent l’éternité de l’ère future , la béatitude du siècle à venir .Huit est le chiffre de l’octogone, intermédiaire entre le carré et le cercle, figurant le passage du monde terrestre au monde céleste »

Les plumes

On peut dire que ce sont soit des plumes soit des arêtes de poisson ; certains y voient des feuilles de fougère. Elles figurent à l’intérieur des losanges arrondis sur la traverse supérieure..

On peut considérer que ce décor constitue une famille sculptée par le même ébéniste .C’est le cas des meubles:1,4,34,45,47,53,69,73,75 ,83,88,91.Cette famille montre souvent la pervenche dans le quadrilobe.

La plume serait le symbole d’une puissance aérienne libérée des pesanteurs de ce monde, et également symbole du sacrifice.

Pour de nombreuses tribus nord-américaines la plume aurait une signification double d’ascension et de fertilité.Dans la mesure ou la plume est contenue dans la vulve symbolique, je pencherai pour la fertilité

Le pavé mosaïque

C’est un damier formé d’une alternance de rectangles noirs et de rectangles blancs.

Il est présent sur 23 meubles dont l’ostensoir est court.

C’est un symbole très ancien, puisqu’il était présent sur le parvis du Temple de Jérusalem.On notera que dans les chapelles anciennes du Cap Sizun(16ème,17ème siècle) on observe des pavés mosaïques en face des autels.C’est le cas à Saint They de Cléden,Sain Tugen à Primelin.

Il est encore présent sur le tableau de Loge de mes Frères Francs-maçons.

Il montre le principe de séparation,d’opposition,de complémentarité ,d’alternance.Il est très difficile de marcher sur les limites des pièces d’un pavé mosaïque, montrant ainsi que la vérité n’est ni blanche ni noire mais nuancée.

En fait si le concept masculin est noir et le concept féminin est blanc, on voit que le pavé mosaïque montre l’union des 2 sexes à l’intérieur d’un losange symbole de la vulve féminine.

Les décors religieux

L’ostensoir

C’est le principal décor des drustuilhs et le plus présent;seul 5 meubles n’en montrent pas.

L’ostensoir est un ustensile comportant un compartiment destiné à abriter l’hostie consacrée.Il permet l’adoration du saint Sacrement.Ce compartiment est entourée de rayons de tailles différentes et en nombre variable.Les rayons symbolisent une émanation lumineuse qui se répand du centre vers l’extérieur.

On observe 2 types de sculptures :

-un ostensoir long qui occupe toute la hauteur entre les 2 traverses et est présent de part et d’autre de la niche. C’est le cas d’environ la moitié des meubles.

    • un ostensoir court qui repose, soit sur un carré avec à l’intérieur un décor de rosace ou un décor floral, soit sur 2 pieds en forme de crochets ou de toit.

Les autels

une vingtaine d’ostensoirs longs reposent sur un autel recouvert d’un linceul et 7 reposent sur un autel bas.

L’autel avec linceul est caractéristique des meubles sculptés par les Le Moign père et fils du village de Kerscao en Esquibien.

L’autel symbolise le tombeau du Christ.

Les cierges

Ils sont au nombre de 2 entourant le pied de l’ostensoir.On les trouve sur environ 75 meubles généralement associés aux autels.Ces cierges sont parfois remplaçés par des fleurs.

Je reprends ici la symbolique définie par Grall « Le cierge se compose de 3 éléments,la cire,la mèche et la flamme.La cire secrétée par des abeilles vierges, représente la chair du Christ conçu sans péché par l’oeuvre du Saint-Esprit.La mèche recouverte de cire figure l’ âme du Christ incarné, tandis que la flamme qui brille, symbolise sa divinité.Le cierge est aussi symbole de l’âme,il est l’union entre l’esprit(la flamme) et le corps(la cire) »

Le cierge peut aussi être considéré comme un symbole phallique faisant ainsi le pendant avec les symboles de vulve.

Paul VI déclarait « que le cierge symbolise la pure et primitive source de lumière .En brulant et en éclairant il exprime une vie entièrement consacrée à l’amour unique ,ardent ,total »

La flamme du cierge est purificatrice.

Le ciboire

Un seul meuble comporte un ciboire(71)symétrique de l’ostensoir, autour de la niche. En fait ils existent sur des meubles anciens(1820-1830) mais nous n’avons pas eu l’autorisation de les prendre en photo.C’est le cas du meuble en photo page 9 de la revue Armen. Avec l’ostensoir, il est l’ustensile qui reçoit le corps du Christ sous forme d’hosties.

Le cœur et le sacré-coeur

Ils sont présents sur une vingtaine de meubles, chacun,associé généralement aux ostensoirs courts et situé au milieu de la traverse centrale, montrant ainsi que le cœur est le centre vital de l’être humain;c’est le centre ou tout converge et qui embrasse tout.

Le Sacré-coeur est le symbole de l’amour que Jésus-Christ porte sans cesse au Père éternel et à tous les hommes

Le cœur a une forme de triangle inversé et serait donc raccordé au féminin.Le cœur brule d’un amour infini en DIEU.DIEU a un amour infini pour les hommes.C’est dans le cœur que l’Homme rencontre Dieu.

L’angelot

Il est présent sur les meubles 27 et 42.

C’est un signe avertisseur du Sacré;il est le messager du Seigneur protecteur.

L’arbre de vie

J’aurais tendance à raccorder les bouquets de fleurs présents sur les meubles 16,20,22,23,39,44,62

à un arbre de vie.

Il symbolise les cycles de mort et de renaissance.

Les décors végétaux et animaux

Les décors végétaux sont présent pratiquement sur tous les meubles et sont très variés.

Il est difficile d’identifier la plante représentée ,car elle est forcément stylisée.

On peut distinguer parmi les plantes :

La pâquerette et la marguerite

On peut les reconnaître sur les meubles 66 et 79.Ce sont des fleurs attributs de la Vierge-Marie.

D’après Grall « elle symbolise la vie éternelle,la rédemption mais aussi les pleurs,les gouttes de sang rappelant la Vierge du calvaire »

la pervenche

Elle est présente sur une douzaine de meubles à losange arrondi et ostensoir court.C’est une fleur bleue à 5 pétales fréquente chez nous.

Elle symbolise l’amitié,la sincérité,la loyauté, mais aussi la tristesse,l’immortalité.Elle a la propriété de soigner les saignements génitaux.Pour la femme en train d’accoucher c’était une protection.

La rose

Elle est difficile à reconnaître sur les sculptures mais je pense qu’elle est très présente.

La rose est le symbole de la Vierge.La rose rouge est le symbole des 5 plaies du Christ.

-le lierre

Il serait présent sur les meubles 7 27 montéant gauche ,39 traverse haute à gauche et peut-être28.C’est un symbole féminin;comme il reste toujours vert, il symbolise la fidélité à la vie éternelle,le cycle éternel de la mort et de la renaissance.

Le trèfle

Il est présent sur les meubles 40,67,82,87,89,92,111.

Il symbolise évidemment la Trinité

Le sarment de vigne

Il est relativement fréquent puisqu’il figure sur 12 meubles au niveau de la traverse centrale(11,15,25,31,99,42,46,50,58,119,36) et également sur la traverse centrale(29,50,58,119,121)

et sous la niche(32)

Je reprends le texte de Grall « la vigne et la grappe de raisin sont les symboles de l’Eglise et du Sauveur crucifié dont le sang se transforme dans le calice en vin eucharistique par le mystère de la consécration »

Le chêne

Il est représenté par une branche de chêne avec des glands.Il est présent sur les meubles:120,61,8,,29,27,39

Le chêne est un symbole de sagesse, de force ,de solidité,de puissance,de longévité, et de hauteur tant au sens spirituel que matériel.

le gui

Il semble être représenté sur les meubles 77 et 55.Le gui est une plante extra-terrestre, car ellle ne pousse pas en terre et il serait un symbole d’immortalité ,de vigueur,de régénération.Pour les celtes ce serait la plante qui guérit tout.

Il ne peut germer que s’il a été digéré par un oiseau faisant ainsi le lien entre les plantes et les animaux.

Le fraisier

On peut peu-être reconnaître des plants de fraisier sur les meubles 21,84,101.

D’après Chevalier-Gheerbrant les morts ne doivent plus goûter aux fruits des vivants s’ils veulent se réincarner!!!Pourquoi pas ?

-les oiseaux

Ils sont figurés sur les meubles 42 et 84.

De façon classique ,les oiseaux présents sur nos meubles bretons sont des paons,symboles de la vie éternelle et de la résurrection du Christ.

Sur le meuble 42 l’oiseau est associé à la vigne et il symbolise la vie éternelle dans l’eucharistie.

Autres symboles

-Les vases

Ces vases situés sous l’ostensoir, sont présents sur les meubles 12,24,35,37,49,63,80

Le vase est un symbole de la Vierge-Marie

En fait sur ces meubles le décor est moins religieux,plus fantaisie(Tour Eiffel pour le 12);les cierges sont remplacés par une tige de fleurs.

 

En conclusion on observe donc un mélange de symboles très religieux et de symboles profanes faisant référence à la génération sachant que la richesse de nos paysans du 19ème était le nombre d’enfants ( jusqu’à 17!!!).

J’invite les lecteurs de cette planche symbolique forcément imparfaite à apporter des critiques,des compléments,des commentaires pour enrichir ce travail,ce qui est l’objectif de ce blog au départ

ci-dessous la suite des meubles recensés avec chaque fois une photo du meuble et le dessin réalisé par Fabien Serre.

 

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