Un meuble original au Cap Sizun le drustuilh

Ce meuble est vraiment une particularité du Cap Sizun profond car il ne semble pas exister à l’est du bourg de Beuzec-Cap-Sizun et le travail de Fabien Serre complète largement l’article d’Yves ROZEC dans la revue ARMEN n°70 de septembre 1995

Actuellement le recensement continue et  atteint plus de 150 meubles, dont 131 dessinés mais la quête de nouveaux exemplaires est toujours en cours

Un recensement fait par la Région Bretagne en 1977-78-79 sur les communes de Cléden, Esquibien, Goulien, Plogoff, Primelin en avait collecté 69 dont 27ont été retrouvé en 2018 .

Ce qu’il y a d’incroyable c’est qu’il n’ y a pratiquement pas un seul meuble identique.

Nous remercions évidemment toutes les personnes qui nous ont autorisé à prendre leurs meubles en photo.

Si cela vous intéresse de participer à ce recensement que Fabien Serre se propose de continuer avec moi,vous pouvez me transmettre des photos à l’adresse suivante:            lannigarververo@orange.fr

La photo du meuble avec son  dessin sera mise sur le blog en précisant par souci de confidentialité ,uniquement le nom du village d’où il provient.

Compte tenu de la finesse des sculptures il est important de disposer d’une photo globale et des photos de détail sur la niche et les frises. En contrepartie je vous enverrai un fichier jpeg du meuble dessiné.

Pour compléter l’excellent article d’Ar Men j’ai retrouvé grâce à Yvette le Bars le nom d’un des ébénistes fabricant de drustuilhs. En fait il s’agit de Pierre yves le Moigne né le 18/08/1859  et décédé le 20/11/1898 à Kerscao en Esquibien. Il s’est marié le 14/11/1883 à Jeanne Marie Saouzanet ,couturière.

Ils ont eu 4 enfants dont Jean Guillaume le Moigne  né le 19/11/1887 et décédé le2/01/1968 également ébéniste, marié à Catherine Yvonne Scoarnec, commerçante à la Croix-Rouge.D’après Yves ROZEC ils auraient fabriqué une centaine de meubles. Le style des drustuilhs le Moigne est reconnaissable (voir meubles n°5,6,11,14,15,25,31,32,36,68,99  )

Les traits caractéristiques sont les suivants:

-ostensoir flanqué d’une bougie de chaque côté ,surmonté d’une coupole comportant des lunules et reposant sur un autel trapézoïdal surmonté d’une nappe. un dessin de 2 rameaux symétriques entourant un cœur est visible sur la façade de l’autel  .

 -niche comportant 7 arêtes

-sous la niche quadrilobe à 8 pointes avec à l’intérieur un mandala central flanqué aux 4 coins d’une étoile .

-portes symétriques

-date au-dessus de la  niche encadrée par 2 rameaux feuillus entrecroisés

                                 -traverse supérieure ornée de motifs végétaux entrecroisés(rose ou vigne)

-traverse médiane ornée de motifs végétaux entrecroisés

Les meubles n° 6,14,68 ont dû être fabriqué par le père et les autres par le fils

                                                                                                                                                                             En fait je suis cousin avec les le Moigne à la 4ème génération du côté des Pellé. Mon Arrière grand-mère Marie Pellé est née à Esquibien à Kerandraon.

Il y avait surement plusieurs ébénistes fabricant de drustuilhs dans le Cap Sizun;Il y en aurait eu un à Plogoff et un à Primelin ,un Cloarec originaire de Kerscoulet et déménagé sur la grande route à l’entrée de la route de Kerscoulet à l’ancien bureau de Poste .

LE DRUSTUILH, UN DECOR PARTICULIER par Fabien SERRE

De nombreux ouvrages et publications sur le Cap-Sizun font état des fonctions physiques et symboliques du drustuilh : parmi eux l’article de Yves Rozec et Jean François Simon dans le numéro 70 de la revue AR MEN de septembre 1995, le catalogue de l’exposition « Architecture rurale et mobilier au Cap-Sizun » de Catherine Toscer, Marie Berthou et Françoise Hamon de l’Inventaire Général des Monuments et des Richesses Artistiques de la France, en 1979 et le tome deux du « paysan breton et sa maison » de TIEZ en 1988.

Mais ici, l’intérêt est porté uniquement sur le décor du meuble.

Le drustuilh est le meuble le plus éclairé de la maison capiste, il est aussi le premier que l’on voit lorsqu’on entre chez quelqu’un. Il est donc logique qu’il soit le meuble le plus décoré et le plus soigné de la maison.

L’étude des décors montre ainsi une créativité sans limite et le talent spectaculaire des artisans capistes de la fin du 18e siècle au début du 20e siècle.

Ce petit inventaire a été réalisé de février 2017 à janvier 2018 pendant ma mission au Marquisat. J’ai passé un an à travailler devant un drustuilh et j’ai tout de suite été impressionné par le décor sculpté de ce meuble, j’ai donc commencé à le dessiner. Puis j’ai dessiné celui de la cuisine du musée et j’ai vite remarqué que malgré leur structure similaire, ces deux meubles étaient très différents.

J’ai donc demandé autour de moi à voir d’autres drustuilhs pour comparer les décors avec les deux du musée. Le fil rouge de ma mission au Marquisat a commencé comme ça.

Trouver des drustuilhs en 2017

Contrairement à ce que je pensais au départ, il y a encore beaucoup de drustuilhs dans le Cap-Sizun en 2017. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce fait :

De par leur très faible profondeur (contrairement aux lits-clos et armoires par exemple), ils ne sont pas encombrants s’ils sont mis le long d’un mur.

Leur forte valeur sentimentale et leur typicité peuvent également expliquer la difficulté qu’ont les capistes à se séparer de ce « meuble de famille ». Une propriétaire de drustuilh originaire d’Audierne, par exemple, a déménagé en Savoie avec son meuble.

A l’image des façades de lits-clos, les drustuilhs peuvent également être transformés et ainsi rester dans la maison. Plusieurs personnes ont changé leur meuble en une petite armoire d’une 60aine de cm de profondeur, certains drustuilhs ont été intégrés à une cloison qui sépare la salle à manger de la cuisine et d’autres ont été transformé en tête de lit !

Pour trouver les drustuilhs de ce petit inventaire il y a tout d’abord la recherche sur internet :

Mises à part les images trouvées suite à une simple question au moteur de recherche, un tour régulier sur le bon coin permet de visiter quelques meubles avant leur vente.

De nombreux drustuilhs sont également visibles dans des lieux « publics » du Cap : le Marquisat de Pont-Croix, le musée maritime à Audierne, la chapelle de Saint-Tugen en Primelin, la buvette de Pors Théolen en Cléden-Cap-Sizun, le moulin de Tréouzien en Plouhinec, etc…

Mais ce sont les visiteurs du musée qui ont été la principale source d’information pour la localisation de drustuilhs :

Les touristes, pour commencer, reconnaissent ce meuble étrange qu’ils ont vu dans leur lieu de vacances : hôtel, gite ou chambre d’hôtes. Il n’y a plus qu’à aller voir sur place.

Les propriétaires de drustuilhs, capistes ou non, en voyant l’intérêt porté par le musée à ce meuble peuvent également envoyer des photos ou ouvrir leur porte. Certains visiteurs passionnés se chargent même de la collecte eux-mêmes, chez les voisins, la famille.

Démarcher les brocanteurs locaux s’avère être aussi une bonne méthode.

Aujourd’hui, à quelques jours de la fin de mon contrat, j’ai dessiné 32 drustuilhs. Je peux dire aujourd’hui que chacun des 29 meubles est unique, aucun n’est la copie parfaite d’un autre même si certains se ressemblent vraiment beaucoup.

La première conclusion de cette recherche est qu’il existe une très grande diversité dans les décors de ce meuble capiste et que les artisans locaux, en plus de leur créativité certaine, ont un talent spectaculaire.

La deuxième remarque est qu’on peut voir ressortir des « styles » ou des « modes » dans les décors. Ce qui pose la question du choix des motifs.

Dessiner les drustuilhs

Dessiner les décors le plus fidèlement possible facilite la comparaison entre plusieurs meubles. Je suis parti d’une base simple que j’ai adaptée pour chaque dessin : Je ne m’intéresse qu’à la cloison, je n’ai donc pas pris en compte le banc ou le coffre.

Cette base est simple : deux montants extérieurs prolongés en pieds, deux portes, une niche à la vierge, un panneau sculpté pour la rosace et 3 ou 4 (ou 7) panneaux inferieurs.

LA STRUCTURE DU MEUBLE

Avant de parler des décors sculptés à proprement parlé, j’ai remarqué de grandes variations sur les éléments constitutifs de la structure du meuble.

La niche à la vierge.

Elle apparait au début du XIXe siècle et connaitra une longue carrière. Véritable centre du meuble, elle (et les ostensoirs) témoigne de la fonction sacrée du drustuilh qui fait office d’autel particulier, notamment lors de la toilette du mort sur la table de la salle commune.

Comme son nom l’indique, elle abrite une statuette de faïence polychrome de Quimper représentant la Vierge à l’Enfant, Sainte-Anne ou Joseph et l’enfant Jésus. Je ne ferai pas référence à la statuette dans cet inventaire.

La niche montre plusieurs découpes : En plein cintre, avec un culot en saillie, polygonale chantournée à 5, 6 ou 7 arêtes ou encore avec des découpes beaucoup plus complexes.

C’est le seul élément du meuble avec les portes que j’ai retrouvé systématiquement

Le panneau de la rosace

Observé sur tous les meubles sauf un (cf. n°13) ce panneau accueille un décor sculpté important du drustuilh : la rosace dont nous parlerons plus loin.

Ce panneau, lorsqu’il est présent, se situe systématiquement en dessous de la niche à la Vierge.

Peu de variations sont à observer pour ce motif-ci, mais en regardant de plus près, on peut observer quelques différences dans sa découpe.

Les portes

Même si les deux portes ont des ferrures, seule la porte côté mur (au sud) avait une serrure. Elle s’ouvrait sur un petit placard peu profond où le chef de famille (qui avait la clé) mettait le livre des saints, une bouteille de gnole, sa blague à tabac et autres choses importantes pour la maison.

Il est intéressant de voir de quel côté se trouve la serrure sur un drustuilh, car il indique où se situait le « haut-bout » de la maison par rapport à la porte d’entrée. En effet, si la serrure est sur la porte gauche, le haut-bout se situait automatiquement à gauche de la porte d’entrée . En effet pour impressionner le visiteur le drustuilh devait faire face à la porte d’entrée.

Aujourd’hui, certains drustuilhs ont été transformés en armoires et on observe des serrures sur les deux portes.

Quant à la moulure du panneau de la porte, elle varie surtout entre les deux premiers modèles présentés ci-dessus mais peut aussi être plus ou moins complexe.

Les panneaux inférieurs

Cette partie du meuble est logiquement moins décorée car elle sert de dossier. Cependant, on peut noter certaines variations sur le nombre de ces panneaux.

La grande majorité des drustuilhs que j’ai pu observer en ont 3 mais on peut en trouver 4 ou plus rarement 7.

La moulure de ces panneaux est très simple sauf dans un cas (cf. n°9)

LES DECORS SCULPTES

Les décors que j’ai observés sont tous sculptés à même le bois du meuble sauf dans le cas du n°23. Dans ce cas unique, les décors ont été découpés dans une fine planchette, travaillés minutieusement puis cloués sur le meuble. Cette méthode n’est pas pérenne car aujourd’hui, une grande partie des décors ont disparu.

Les ostensoirs.

Le drustuilh est aussi appelé le meuble aux ostensoirs. Très stylisés et différents, ils sont situés de part et d’autre de la niche à la Vierge. C’est le décor le plus abouti et le plus complexe du meuble.

Le décor du drustuilh n°26 est très épuré du fait de la nature de son bois (acajou). Ce bois très dur a, semble-t-il, forcé l’artisan à aller droit à l’essentiel : à savoir une rosace et deux ostensoirs.

On comprend vite que l’ostensoir est le décor central de ce meuble très religieux. Cependant, à Plogoff, il y a un drustuilh sans ostensoir. A leur place on peut observer une plante à fleurs aux nombreuses ramifications sortant d’un vase. (cf. n°9) Il faut souligner que ce meuble, non daté, est vraiment très spécial mais il possède un niche à la Vierge, il ne peut donc pas être considéré comme « laïque ».

L’ostensoir est parfois représenté sur un pied, parfois sur un vase (cf. n°12 et 24) ou encensoir, parfois sur rien. Il est régulièrement flanqué de deux bougies et plus rarement de deux fleurs (cf. n°7, 12, 24) mais on peut aussi le retrouver seul.

Sur certains meubles datés de 1860 à 1875, il est associé à une petite rosace située en dessous (cf. n°1, 4, 10, 21, 26) (le 26 n’est pas daté, la présence de cette petite rosace permet peut-être de donner une idée de l’année de sa fabrication).

Au centre des rayons de l’ostensoir, il y a souvent une pièce de laiton ronde, carrée ou plus complexe, mais ce n’est pas systématique. (Pour observer ces pièces, il faut se référer aux photos présentes sur les fiches car elles apparaissent mal sur les dessins.)

Ces ostensoirs sont souvent sculptés dans une « fausse niche » un peu en retrait dans la profondeur du meuble.

Sur les ostensoirs du drustuilh n°8 sont gravées les initiales du propriétaire du meuble.

La rosace

Situé dans un panneau prévu à cet effet sous la niche à la Vierge, ce motif est en général de forme circulaire et parfois entouré de 4 petites étoiles.

Qu’il s’agisse d’étoiles (à 7 ou 8 branches), de fleurs (à 5 ou 6 pétales), de soleils, de lunes, d’angelot en relief (cf. n°27) ou de formes plus complexes (cf. n°30), la rosace est présente sur presque tous les meubles que j’ai observé.

J’ai rencontré deux configurations dans lesquelles la rosace est absente du décor :

Sur le meuble d’Audierne n°13, le panneau de la rosace est absent. La niche, d’une forme inédite et très étirée, ne permet pas de placer ce panneau. Cependant, un cœur est gravé sous la niche et une étoile à 7 branches au-dessus.

Sur deux autres meubles (cf. n°17 et 24), le panneau existe, mais il n’y a pas de rosace dedans.

Notons également que sur le meuble de Lervilly n°23, parmi tous les décors, seule la rosace est gravée.

La frise supérieure

Entre la corniche et le haut des portes se trouve la plupart du temps une frise soignée. L’emplacement qu’elle occupe est plus ou moins coupé en deux pas le haut de la niche à la Vierge, c’est pourquoi, cette frise est généralement composée de deux motifs symétriques séparés de temps en temps par un élément gravé, le plus souvent, la date de fabrication du meuble.

Quand je dis « symétrique », c’est sans compter l’intriguant meuble de Cléden-Cap-Sizun n°27.

Ici, on peut observer la seule asymétrie de cet inventaire. Le côté gauche de la frise représente du lierre alors que l’on voit du chêne sur le côté droit. Cette asymétrie est également présente sur la frise médiane et sur les montants extérieurs.

Sur ce meuble et sur d’autres, on est en présence de motifs végétaux (lierre, chêne, rosier, vignes), mais il y a aussi des frises très géométriques, soit à base de rosaces, d’étoiles, de losanges ou alors un simple liseré étroit très travaillé (cf. n°9 et 28). Certaines frises mélangent motifs végétaux et formes géométriques (cf. n°8 et 29)

La date, lorsqu’elle est présente, est le plus souvent gravée au-dessus de la niche à la Vierge. Elle peut être à l’intérieur d’un « fausse niche » de formes diverses, entourée par deux rameaux entrecroisés ou alors isolée.

La frise médiane

Quand elle est présente, elle se trouve entre les panneaux inférieurs et les portes.

Conçue sur le même principe que la frise supérieure : deux motifs symétriquement disposés autour d’un élément central qui peut être une fleur (cf. n°2), une coquille (cf. n°3), un cœur (cf. n°18), un losange (cf. n°16), etc… elle peut cependant, de temps en temps s’étendre d’un bout à l’autre du meuble sans interruption tout en gardant la symétrie.(cf. n°7, 25, 27, 28, etc…)

Aussi soignée que la supérieure, la frise médiane propose les mêmes motifs : végétaux, formes géométriques ou les deux.

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Autres décors

Entre la niche et la rosace

Quand la place le permet et que le style s’y prête, on peut observer quelques fois un petit motif entre le panneau de la rosace et la niche à la vierge (cf. n° 6, 8, 11, 15, 16, 25, 31, 32)

Mis à part le n°16 qui semble être une date et le n°8 qui parait être un cœur stylisé, les autres meubles qui possèdent ce motif semblent appartenir tous au même style dont nous parlerons plus loin. Sur ces meubles « récents » (datés de 1897 à 1909) apparaissent en effet un motif de vigne à cet emplacement avec une mention spéciale au n°32 sur lequel sont gravés les initiales des propriétaires : J ;D, M :Y :N.

Les montants extérieurs

Observé sur seulement quatre meubles (cf. n°7, 9, 27 et 28), ce motif est avant tout une frise géométrique très simple plus ou moins large qui descend jusqu’en bas des montants.

Pourtant, sur le meuble asymétrique n°27, cette frise est plus travaillée. Elle est dans le prolongement de la frise supérieure (motifs végétaux) et évolue vers des cœurs stylisés et des formes géométriques plus simples.

Entre les panneaux inférieurs

Le drustuilh le plus connu du Cap (en tous cas celui dont on m’a le plus parlé) est sans conteste le meuble visible par tous dans la buvette de Pors Théolen (cf. n°12).

Sur les montants secondaires qui se trouvent entre les panneaux inférieurs, sont gravées deux tours-Eiffel ! Pratique pour dater le meuble mais surtout extrêmement intéressant pour l’étude des décors car il ne s’agit pas d’un motif courant pour ce genre de meuble.

Des motifs végétaux sont également visibles sur les meubles 8, 9 et 27 à ce même emplacement

Sur le meuble d’Audierne n°13, ce sont des motifs géométriques.

Essai d’interprétation du symbolisme des motifs sculptés sur les drustuilhs

La richesse et la variété des motifs sculptés, mais aussi leur constance ,font la difficulté de leur interprétation.Je sais que chaque symbole permet une interprétation individuelle, mais on retrouve sur les drustuilhs des symboles universels.

Pour réaliser ce travail je me suis appuyé fortement sur deux ouvrages :

      • Louis Grall les armoires bretonnes Lecture de la symbolique

      • Jean Chevalier Alain Gheerbrant Dictionnaire des symboles

ce dernier étant la Bible dans le domaine.

On trouvera en fin d’article la liste des ouvrages consultés.

En fait les décors se classent en 3 catégories :

-Les décors géométriques

-Les décors religieux

-les décors végétaux ou animaux

Les décors géométriques

Les Rosaces

Ce qu’on appelle rosaces ,ce sont les décors circulaires situés ,soit sous l’ostensoir, soit sous la niche, dans un cadre carré ou quadrilobé, mais aussi parfois sur la traverse supérieure ;

Ces rosaces comportent généralement 3 cercles concentriques faisant référence aux 3 mondes celtiques ou à la Trinité.

Au départ la rosace symbolise le soleil donc le Christ.

On distingue à l’intérieur des cercles des loges soit trapézoïdales, soit en forme de coquille et forment une roue en forme d’hélice, montrant un mouvement soit dextre soit senestre.

D’après Grall ces hélices symboliseraient la lune attribut de la Vierge Marie.

L’association de la rosace et de l’hélice symboliserait la création terrestre.

Ces rosaces sont présentes sur 15% des meubles.

Les losangesI

Ils sont présents sur environ 50 meubles.

On peut les classer en 2 types :

-soit un losange allongé rectangulaire(54) ou aux extrèmités arrondies.Le remplissage du losange est constitué de plumes(4,34,43,45,52,69,73,75,91).Un losange contient des branches de chêne(61).Ils sont tous présents sur la traverse supérieure. .Les losanges arrondis peuvent être assimilé à des mandorles;la mandorle symbolise l’union du Ciel et de la Terre.

-soit un petit losange court en double triangle opposé.Ils contiennent presque systématiquement un pavé mosaïque .Ils sont présents sur la traverse supérieure(9,38,40,67,79,82,92,94,112,116) , sous la niche(67,79,83,92,94,95,111,116) et enfin sur la traverse centrale(16,22,24,29,42,49,50,53,107,119,121) et peuvent être présents sur les 2 traverses .

Initialement le losange est un symbole de la vulve de la femme ;le losange arrondi symboliserait le sexe de la jeune fille.

Les Quadrilobes

Un quadrilobe est un carré dont les angles sont arrondis;cela associe donc le carré( la terre) et le cercle(le ciel).Chaque angle du quadrilobe correspondrait aux 4 éléments:l’eau,l’air,le feu et la terre.

La grande majorité de nos quadrilobes présentent 2 pointes sur chaque côté soit 8, le symbole de la perfection ,de l’infini.

Certains quadrilobes ne présentent pas de pointes et alors les lignes arrondies symbolisent le vagin, l’utérus.

Les dents de loup

Ce sont des successions de petits triangles pointes en haut qui entourent certaines sculptures.

Ils symbolisent le feu et donc la manifestation de la lumière divine,du monde céleste.Elles sont souvent présentes autour de l’ostensoir (10,22,34)

Les cercles d’ondes

Ce sont des lunules dirigées vers le haut.Ils symbolisent l’air et son présents au-dessus des ostensoirs(14,15,23)

Les étoiles

Elles sont très présentes sur les meubles et leur nombre de branches est très variable.L’étoile est un luminaire,une source de lumière ,venant du ciel,un symbole de l’esprit.

Etoile à 5 branches(54,77)

C’est un symbole de la perfection,de la manifestation centrale de la lumière,du foyer d’un univers en expansion,du microcosme humain(le pentagramme pythagoricien).

Cette étoile est présente soit au centre du quadrilobe, soit sur la traverse haute.

Etoile à 6 branches(85)

Le chiffre 6 est le symbole de la création

On l’appelle Etoile de David ou sceau de Salomon.Pour moi elle symbolise l’union de l’homme et de la femme,l’homme étant le triangle pointe en haut et la femme le triangle pointe en bas.

Pour Grall « le triangle pointe en haut exprime la nature divine du Christ,le triangle inversé,sa nature humaine »

Ce symbole est très ancien et présent dans plusieurs religions.on notera que les juifs ont été chassé de Bretagne par le Duc Jean I Le Roux en 1240 .

Etoile à 7 branches(3,18,19,38,64,76,86,102,103,104)

Elle est présente sur la traverse du haut et dans le quadrilobe et sur la traverse centrale(94,95,102)

D’après Grall « le chiffre 7 est obtenu en additionnant le chiffre 3 de la Trinité et le chiffre4 du monde terrestre.Le monde ayant été créé en 6 jours Dieu se reposa le septième et en fit un jour sacré.Le septième jour représente l’achèvement de la création dans la perfection.C’est le chiffre des péchés capitaux,des sacrements.Sept signifie la totalité de la vie morale en additionnant les 3 vertus théologales,la foi,l’espérance,la charité,les 4 vertus cardinales,la prudence,la tempérance,la justice,la force »

Unissant le carré et le triangle elle figure l’harmonie du monde,l’arc-en-ciel les 7 zones planétaires,l’être humain dans sa totalité ,les 7 archanges,

L’avantage est qu’elle est facile à dessiner.

L’étoile à 8 branches(12,112)

D’après Grall «  les 8 branches indiquent que le 8ème jour succède aux 6 jours de la création ,au 7ème du Sabbat ,annonçant des temps difficiles pour l’église ,la foi ,l’espérance d’un renouveau. Elles symbolisent l’éternité de l’ère future , la béatitude du siècle à venir .Huit est le chiffre de l’octogone, intermédiaire entre le carré et le cercle, figurant le passage du monde terrestre au monde céleste »

Les plumes

On peut dire que ce sont soit des plumes soit des arêtes de poisson ; certains y voient des feuilles de fougère. Elles figurent à l’intérieur des losanges arrondis sur la traverse supérieure..

On peut considérer que ce décor constitue une famille sculptée par le même ébéniste .C’est le cas des meubles:1,4,34,45,47,53,69,73,75 ,83,88,91.Cette famille montre souvent la pervenche dans le quadrilobe.

La plume serait le symbole d’une puissance aérienne libérée des pesanteurs de ce monde, et également symbole du sacrifice.

Pour de nombreuses tribus nord-américaines la plume aurait une signification double d’ascension et de fertilité.Dans la mesure ou la plume est contenue dans la vulve symbolique, je pencherai pour la fertilité

Le pavé mosaïque

C’est un damier formé d’une alternance de rectangles noirs et de rectangles blancs.

Il est présent sur 23 meubles dont l’ostensoir est court.

C’est un symbole très ancien, puisqu’il était présent sur le parvis du Temple de Jérusalem.On notera que dans les chapelles anciennes du Cap Sizun(16ème,17ème siècle) on observe des pavés mosaïques en face des autels.C’est le cas à Saint They de Cléden,Sain Tugen à Primelin.

Il est encore présent sur le tableau de Loge de mes Frères Francs-maçons.

Il montre le principe de séparation,d’opposition,de complémentarité ,d’alternance.Il est très difficile de marcher sur les limites des pièces d’un pavé mosaïque, montrant ainsi que la vérité n’est ni blanche ni noire mais nuancée.

En fait si le concept masculin est noir et le concept féminin est blanc, on voit que le pavé mosaïque montre l’union des 2 sexes à l’intérieur d’un losange symbole de la vulve féminine.

Les décors religieux

L’ostensoir

C’est le principal décor des drustuilhs et le plus présent;seul 5 meubles n’en montrent pas.

L’ostensoir est un ustensile comportant un compartiment destiné à abriter l’hostie consacrée.Il permet l’adoration du saint Sacrement.Ce compartiment est entourée de rayons de tailles différentes et en nombre variable.Les rayons symbolisent une émanation lumineuse qui se répand du centre vers l’extérieur.

On observe 2 types de sculptures :

-un ostensoir long qui occupe toute la hauteur entre les 2 traverses et est présent de part et d’autre de la niche. C’est le cas d’environ la moitié des meubles.

    • un ostensoir court qui repose, soit sur un carré avec à l’intérieur un décor de rosace ou un décor floral, soit sur 2 pieds en forme de crochets ou de toit.

Les autels

une vingtaine d’ostensoirs longs reposent sur un autel recouvert d’un linceul et 7 reposent sur un autel bas.

L’autel avec linceul est caractéristique des meubles sculptés par les Le Moign père et fils du village de Kerscao en Esquibien.

L’autel symbolise le tombeau du Christ.

Les cierges

Ils sont au nombre de 2 entourant le pied de l’ostensoir.On les trouve sur environ 75 meubles généralement associés aux autels.Ces cierges sont parfois remplaçés par des fleurs.

Je reprends ici la symbolique définie par Grall « Le cierge se compose de 3 éléments,la cire,la mèche et la flamme.La cire secrétée par des abeilles vierges, représente la chair du Christ conçu sans péché par l’oeuvre du Saint-Esprit.La mèche recouverte de cire figure l’ âme du Christ incarné, tandis que la flamme qui brille, symbolise sa divinité.Le cierge est aussi symbole de l’âme,il est l’union entre l’esprit(la flamme) et le corps(la cire) »

Le cierge peut aussi être considéré comme un symbole phallique faisant ainsi le pendant avec les symboles de vulve.

Paul VI déclarait « que le cierge symbolise la pure et primitive source de lumière .En brulant et en éclairant il exprime une vie entièrement consacrée à l’amour unique ,ardent ,total »

La flamme du cierge est purificatrice.

Le ciboire

Un seul meuble comporte un ciboire(71)symétrique de l’ostensoir, autour de la niche. En fait ils existent sur des meubles anciens(1820-1830) mais nous n’avons pas eu l’autorisation de les prendre en photo.C’est le cas du meuble en photo page 9 de la revue Armen. Avec l’ostensoir, il est l’ustensile qui reçoit le corps du Christ sous forme d’hosties.

Le cœur et le sacré-coeur

Ils sont présents sur une vingtaine de meubles, chacun,associé généralement aux ostensoirs courts et situé au milieu de la traverse centrale, montrant ainsi que le cœur est le centre vital de l’être humain;c’est le centre ou tout converge et qui embrasse tout.

Le Sacré-coeur est le symbole de l’amour que Jésus-Christ porte sans cesse au Père éternel et à tous les hommes

Le cœur a une forme de triangle inversé et serait donc raccordé au féminin.Le cœur brule d’un amour infini en DIEU.DIEU a un amour infini pour les hommes.C’est dans le cœur que l’Homme rencontre Dieu.

L’angelot

Il est présent sur les meubles 27 et 42.

C’est un signe avertisseur du Sacré;il est le messager du Seigneur protecteur.

L’arbre de vie

J’aurais tendance à raccorder les bouquets de fleurs présents sur les meubles 16,20,22,23,39,44,62

à un arbre de vie.

Il symbolise les cycles de mort et de renaissance.

Les décors végétaux et animaux

Les décors végétaux sont présent pratiquement sur tous les meubles et sont très variés.

Il est difficile d’identifier la plante représentée ,car elle est forcément stylisée.

On peut distinguer parmi les plantes :

La pâquerette et la marguerite

On peut les reconnaître sur les meubles 66 et 79.Ce sont des fleurs attributs de la Vierge-Marie.

D’après Grall « elle symbolise la vie éternelle,la rédemption mais aussi les pleurs,les gouttes de sang rappelant la Vierge du calvaire »

la pervenche

Elle est présente sur une douzaine de meubles à losange arrondi et ostensoir court.C’est une fleur bleue à 5 pétales fréquente chez nous.

Elle symbolise l’amitié,la sincérité,la loyauté, mais aussi la tristesse,l’immortalité.Elle a la propriété de soigner les saignements génitaux.Pour la femme en train d’accoucher c’était une protection.

La rose

Elle est difficile à reconnaître sur les sculptures mais je pense qu’elle est très présente.

La rose est le symbole de la Vierge.La rose rouge est le symbole des 5 plaies du Christ.

-le lierre

Il serait présent sur les meubles 7 27 montéant gauche ,39 traverse haute à gauche et peut-être28.C’est un symbole féminin;comme il reste toujours vert, il symbolise la fidélité à la vie éternelle,le cycle éternel de la mort et de la renaissance.

Le trèfle

Il est présent sur les meubles 40,67,82,87,89,92,111.

Il symbolise évidemment la Trinité

Le sarment de vigne

Il est relativement fréquent puisqu’il figure sur 12 meubles au niveau de la traverse centrale(11,15,25,31,99,42,46,50,58,119,36) et également sur la traverse centrale(29,50,58,119,121)

et sous la niche(32)

Je reprends le texte de Grall « la vigne et la grappe de raisin sont les symboles de l’Eglise et du Sauveur crucifié dont le sang se transforme dans le calice en vin eucharistique par le mystère de la consécration »

Le chêne

Il est représenté par une branche de chêne avec des glands.Il est présent sur les meubles:120,61,8,,29,27,39

Le chêne est un symbole de sagesse, de force ,de solidité,de puissance,de longévité, et de hauteur tant au sens spirituel que matériel.

le gui

Il semble être représenté sur les meubles 77 et 55.Le gui est une plante extra-terrestre, car ellle ne pousse pas en terre et il serait un symbole d’immortalité ,de vigueur,de régénération.Pour les celtes ce serait la plante qui guérit tout.

Il ne peut germer que s’il a été digéré par un oiseau faisant ainsi le lien entre les plantes et les animaux.

Le fraisier

On peut peu-être reconnaître des plants de fraisier sur les meubles 21,84,101.

D’après Chevalier-Gheerbrant les morts ne doivent plus goûter aux fruits des vivants s’ils veulent se réincarner!!!Pourquoi pas ?

-les oiseaux

Ils sont figurés sur les meubles 42 et 84.

De façon classique ,les oiseaux présents sur nos meubles bretons sont des paons,symboles de la vie éternelle et de la résurrection du Christ.

Sur le meuble 42 l’oiseau est associé à la vigne et il symbolise la vie éternelle dans l’eucharistie.

Autres symboles

-Les vases

Ces vases situés sous l’ostensoir, sont présents sur les meubles 12,24,35,37,49,63,80

Le vase est un symbole de la Vierge-Marie

En fait sur ces meubles le décor est moins religieux,plus fantaisie(Tour Eiffel pour le 12);les cierges sont remplacés par une tige de fleurs.

 

En conclusion on observe donc un mélange de symboles très religieux et de symboles profanes faisant référence à la génération sachant que la richesse de nos paysans du 19ème était le nombre d’enfants ( jusqu’à 17!!!).

J’invite les lecteurs de cette planche symbolique forcément imparfaite à apporter des critiques,des compléments,des commentaires pour enrichir ce travail,ce qui est l’objectif de ce blog au départ

ci-dessous la suite des meubles recensés avec chaque fois une photo du meuble et le dessin réalisé par Fabien Serre.

 

Photos anciennes d’Eugène PERROT

Je ne sais pas exactement quand mon père a acheté son appareil photo Kodak six-16 avec un objectif 6.3 et un focale de 126mm.Peut-être en 1933 pour son mariage. Il a fait des milliers de photos et je pense que certaines méritent d’être publiées comme témoignage du temps passé. J’ai rassemblé ces photos par thèmes:

-les bateaux d’Audierne , de Douarnenez ,du port du Loch en Primelin

-Audierne autrefois

-les naufrages dans le Cap Sizun

Pour ceux qui seraient intéressé par un scan haute définition d’une photo particulière vous pouvez m’écrire à l’adresse:lannigarververo@orange.fr

BATEAUX d’AUDIERNE

Pour les bateaux d’Audierne les renseignements proviennent du site : Les dundees d’Audierne

 

vous trouverez ci-après un tableau excell recensant la plupart des bateaux identifiés sur les photos.

Les Bateaux de DOUARNENEZ

les photos ci-jointes ont également été prises par mon père avec son appareil Kodak.

Les renseignements concernant le type de bateau, la date de construction,etc peuvent être trouvé sur le site Bagou coz.

Il est évident que ces photos sont émouvantes, car elles témoignent de l’époque ou Douarnenez était un grand port de pêche. Chaque fois que je vais à Douarnenez je suis désolé de voir ce port désert et tous ces commerces fermés.

Je dédie ces photos à mes tantes Euphrasie Riou et Victorine Riou employées à la bijouterie Bonis rue Voltaire.

Le Port du LOCH à Primelin

Le petit port du LOCH abritait autrefois des canots de pêche de Plogoff et de Primelin;il ne sert plus maintenant qu’aux plaisanciers.

On trouvera sur le Blog d’Hervé THOMAS (loch.primelin.canalblog.com)tout l’ historique de ce port.La première digue date de 1905 puis a été rallongée en 1913 puis encore en 1953.

Le problème de ce port est que les bateaux sont tributaires de la marée pour entrer ou sortir du port

Il a abrité plusieurs bateaux de patrons-pêcheurs de Primelin :

-Eugène Cissou:bateau chouec’h gwennek AU 2162

-Noël Danzé :bateau LUZ

-Joseph Tréanton:Bateau EMERAUDE

-Hervé Quéré:bateau Ar Sicourmat AU 2163

-Jean Kerninon:bateau Roseline AU 2217

-Jean Yven:bateau Sergent Gouarne AU 2325

Les photos de mon père ci-jointes ne permettent malheureusement pas de lire le numéro;mais je sais que les amoureux des bateaux y arriveront.

Je me souviens encore, dans les années 60, de voir un équipier d’un de ces bateaux passer difficilement devant chez mes parents à Kerlavénan, après une dure journée de pêche et peut-être quelques verres de Santa Rosa(priez pour nous!!).

Audierne Autrefois

ci-après quelques photos d’Audierne et Poulgoazec prises entre 1933 et 1938

bateaux au mouillage devant poulgoazec
vue d’Audierne depuis Poulgoazec
jolie vue vers le quai Anatole France et le pont
embouchure du fleuve Goyen
plage de Trescadec un jour de gros temps;on a l’impression que la côte actuelle a reculé
vue sur le Raoulic
Audierne vu de Locqueran;on voit les chaloupes bout au nez du quai
Audierne vue de Poulgoazec
débarquement de la pêche sur la cale
rentrée au port pour la criée
bateaux au mouillage devant la passerelle
retour au port
le marché en juin 1933;le cycliste est un collègue à mon père avec lequel il a fait le tour de Bretagne en vélo
jour de marché Place de la Liberté.On notera que toutes les femmes ont une coiffe et un fascodenn.Qu’en pensent les féministes

Fontaines et lavoirs à PRIMELIN(29770)

FONTAINES et LAVOIRS à PRIMELIN(29770)

L’Association Cap Accueil d’ Audierne comporte un atelier Patrimoine ,auquel j’appartiens, et qui s’est donné comme objectif de recenser, les fontaines et lavoirs, sur les 12 communes du Cap Sizun.

Pour l’instant ce sont environ 550 ouvrages qui ont été recensé sur tout le Cap Sizun;chaque ouvrage fait l’objet d’une fiche descriptive comportant la localisation géographique( coordonnées GPS),une photo, la description de l’ouvrage et si possible des anecdotes sur l’ouvrage.

Sur Primelin j’ai recensé environ une cinquantaine de lavoirs tous abandonnés et pour la plupart envahis par la végétation ainsi que 6 fontaines d’alimentation en eau.Avec mon fils Mathieu j’ai nettoyé une dizaine d’ouvrages, mais malheureusement la végétation reprend vite ses droits.Le problème d’entretien de ces ouvrages se pose dans toutes les communes du Cap Sizun. Seules quelques communes entretiennent les ouvrages nettoyés par les membres de l’atelier patrimoine ainsi que par le personnel de la Communauté de Communes.

Les Fontaines :

On appelle fontaine un monument en pierres abritant une source.Ce monument peut être tout simplement une dalle horizontale reposant sur 3 supports verticaux surmontant un réservoir d’eau plus ou moins profond.

On distingue 2 types de fontaines :

  • les fontaines d’alimentation en eau de boisson ;
  • les fontaines associées à un lavoir

Les fontaines simples :

on recense 6 fontaines indépendantes :

+ la fontaine aux loups(Feunteun ar bleis).Elle est située au nord du village de Kerloa le long du sentier de petite randonnée de Primelin.En fait ce sentier est une route très ancienne reliant Esquibien à Cléden .La route départementale est récente(années 1850) On notera la présence d’une borne milliaire à proximité(source Daniel Bernard mon cousin)

Cette fontaine est très rustique car elle est creusée dans la roche et comporte juste une dalle verticale à l’aval

 

+la fontaine Saint Chrysanthe :

Elle est à Kerscoulet le long de la route conduisant de Primelin à Goulien .Elle a la particularité d’avoir été enfermée dans la chapelle saint Chrysanthe ( ce saint a été inventé par l’église pour remplacer Croas Hent carrefour de la route d’Esquibien et de Goulien) .On note à côté de la chapelle la présence d’une stèle gauloise.Ce lieu est donc également très ancien.

+la fontaine Saint Primel :

Elle est située sur le terre-plein du débarcadère du port de Porstarz. C’est une petite fontaine rustique encastrée dans le talus Est du terre-plein.Il est vraisemblable qu’elle servait à l’alimentation en eau des voiliers attendant le passage du Raz de Sein.

+La fontaine de Prat ar Vran :

Elle se situe au Nord du bourg de Primelin et était desservie par un chemin pour brouettes ,et servait à l’alimentation en eau des habitants du Bourg de Primelin. Certains anciens se souviennent de la corvée d’eau.Elle est complètement envasée !

+La fontaine des Anglais :

Elle se situe dans la roselière au Sud du village du Castel.Elle est aussi très rustique et ancienne.Elle est citée dans l’ouvrage de R.F. Le Men de 1873 sur les Etudes Historiques sur le Finistère.

Elle servait à alimenter les habitants du village du Castel ,mais vu son nom ,aussi à l’alimentation en eau des voiliers attendant le passage du Raz de Sein.

Elle se déverse à la côte par une cascade.

+La fontaine de Penzer :

Elle est située à quelques mètres au Sud du village de Penzer

Les fontaines votives et guérisseuses

Il faut savoir qu’autrefois les fontaines étaient des lieux de prédiction(mariage,santé) et des lieux de soin.En fait l’eau de chaque fontaine si elle n’est pas polluée émet une vibration couleur positive permettant de soigner telle ou telle maladie vibrant négativement.

Ces eaux guérisseuses sont presque toujours surmontées d’un monument en forme de chapelle et le mur du fond comporte une niche pour mettre la statue du saint protecteur.

Primelin possède 2 fontaines de ce type :

+La fontaine de Saint Tohou :

Elle est située dans une propriété privée au Nord-Est du village de Kerhas Bis ,au village de Kerfeunteun.Elle a été érigée en 1672 par le recteur de Primelin Jean Perennes avec l’argent du Fabrique:Jean le Bis.Cette fontaine sacrée guérisseuse dépendait de la chapelle saint Tohou qui a disparu et a été remplacée par la chapelle Saint Théodore.Elle comporte une niche pour mettre la statue du saint qui serait hébergée dans une maison voisine.

+la fontaine de Saint Tugen

Elle est située à 35m du pignon Est de la chapelle.C’est une fontaine de dévotion qui soigne la rage et par extension la rage de dents.Elle comporte une statue en pierres de Saint Tugen .La tradition rapporte que si on est mordu par un chien enragé il faut courir à la fontaine et se mirer dans l’eau;si on voit son visage on est sauvé.Au moment du pardon très fréquenté autrefois les indigents distribuaient l’eau contre une petite pièce

Les lavoirs avec fontaine.

En général la plupart des lavoirs sont alimentés par une source mais certains sont situés au bord d’un ruisseau et sont alimenté par détournement du ruisseau.Il y en a de toute taille, du lavoir individuel comme le lavoir de la grand-mère de Martial Jaffry à Kerfeunten, au grand lavoir du village de Kerdugazel(ancien village de Kermoc’h).

En fait il existe 2 types de lavoir par rapport à la propriété:les lavoirs personnels sur propriété privée

et les « communs de village » qui appartiennent collectivement aux habitants du village.

Les plus beaux lavoirs de la commune sont pour moi :

+Le lavoir de Kerscoulet au Nord-ouest du village le long du sentier de randonnée.Les banquettes sont constituées par des anciennes pierres tombales.Une légende familiale raconte que mon père Eugène serait né dans ce lavoir.Compte tenu qu’il est décédé à 106 ans il est vraisemblable que l’eau y est très bonne pour la santé.

Les lavoirs pouvaient également servir de rouissoir pour le chanvre et le lin C’était le cas du lavoir de Kervrant Nord qui comportait à l’aval du lavoir un bassin de rouissage.

.Mais il existait aussi de nombreuses mares servant uniquement de rouissoir( len ganab). C’est le cas à Rugolva derrière l’Abri Cotier ,à Pradones ou encore à Porstarz

Le plus beau lavoir du Cap Sizun est pour moi celui de Lamboban à Cléden Cap Sizun.Il a été nettoyé cet été 2017 par l’équipe du Patrimoine de Cap Accueil.

Pour les fontaines j’hésite entre Sainte Brigitte à Esquibien et Saint Vinoc à Plouhinec

ste Brigitte à Esquibien

fontaine st Vinoc à Plouhinec

 

La fille aux cheveux de vagues (Thérèse CABON)

Mon arrière-arrière-grand-mère, Thérèse CABON, en fait Marie-Thérèse à l’état civil, a été très célèbre dans le Cap Sizun et son histoire mérite d’être contée.

Elle est née le 16/04/1811 à Plouhinec(29) au village de Kerdréal sur la côte de la Baie d’Audierne. En fait les parents de Thérèse habitaient une petite ferme située au sud du village(voir cadastre napoléonien de 1835 ci-joint)

Sur la feuille  du cadastre de 1835 montrant le village on voit que les propriétés du couple étaient dispersées, une partie autour de la maison mais une autre éloignée. On notera qu’ils possédaient un four à pains ,le seul du village signe d’une certaine prospérité.

La maison existe toujours mais elle a vraisemblablement été fortement remaniée en 1882 date inscrite sur le linteau.

Elle vient d’être rachetée et rénovée(voir photo)

Son père Jean-Laurent était guetteur de signauxl.Il était marié à Marie Malscoet et ont eu 10 enfants(voir extrait de l’arbre) dont Jean-Pierre né le 9/02/1813,qui fut célèbre également(voir ci-dessous)et Marie-Elisabeth surnommée Isabelle ,la grand-mère de Jean COUIC qui en parle dans ses billets sur Audierne autrefois(référence biblio n°1) et grand-mère de Jeanne Bluteau.

Les CABON étaient originaire de Lanriec, village à proximité de Concarneau(ils y étaient en 1676).

Le grand-père de Thérèse ,Pierre-Marie était lieutenant- canonnier et garde d’artillerie et donc d’un bon niveau d’instruction.

En fait Thérèse CABON fait partie d’une légende familiale, comme quoi elle aurait sauvé des marins de la noyade et aurait eu la Légion d’Honneur et se serait vu récompensée par un bureau de tabacs à Primelin.;cela expliquant la présence des PERROT à Primelin.

Lorsque, avec mon frère Jean-Yves, nous avons commencé la généalogie côté PERROT ,dans les années 70, nous avons évidemment recherché des documents sur cette fameuse Légion d’Honneur.

En interrogeant la famille nous avons découvert que ce n’était qu’une médaille d’Honneur et en réalité une médaille de courage et de dévouement décernée par le Ministère de la Marine..Celle-ci était après la guerre 40 détenue par Marie KERLOCH habitant au Faubourg à Primelin  dans l’ancien bureau de tabacs familial ,puis ensuite elle est passée chez une de ses nièces ,Christiane Jurainville habitant la région parisienne.

Marie KERLOCH était la fille d’Appoline PERROT sœur de mon arrière-grand-père jean René PERROT ,lui-même fils de Thérèse CABON.

En fait grâce à ce blog Madame Liliane Grécourt ,bru de Christiane Juranville a pris connaissance de l’histoire de la fameuse médaille et l’a retrouvé au fond d’un tiroir dans un meuble de sa belle-mère!!!

Suite à cela elle m’a contacté et proposé de me faire parvenir la fameuse médaille que je viens de recevoir.

Voici les photos de la médaille:

Elle est en argent et pèse 40 grammes et a un diamètre de 41mmm.

Les gravures sur la médaille sont:

-côté face: LOUIS PHILIPPE ROI DES FRANCAIS  encadrant une tête du roi

– côté pile: sur le pourtour

MINISTERE DE LA MARINE ET DES COLONIES

Au centre une dédicace: A CABON (MARIE-THERESE)

POUR AVOIR AU PERIL DE SA VIE CONTRIBUE A SAUVER L’EQUIPAGE D’UN NAVIRE NAUFRAGE  1834

D’après les Annales maritimes( voir plus loin) la médaille est datée du 18 Janvier 1834 mais il est vraisemblable que le naufrage a eu lieu au cours de l’hiver 1833;  l’enquête continue pour retrouver le récit du naufrage.

En tout cas mon frère, ma sœur et mon cousin Jean Louarn remercient chaleureusement Madame Grécourt pour son geste généreux.

Parmi les frères et sœurs de Thérèse CABON ,sa sœur Isabelle déjà citée ,née en 1823 à Pont-Croix s’est mariée en 1847 à Plouhinec avec Jean COUIC. De ce couple 2 descendants ont participé à la légende de Thérèse CABON.

Ce sont :

Jean COUIC petit-fils d’Isabelle CABON,Directeur de l’usine à soude au Stum à Audierne. Celui-ci a raconté (1),les exploits de sa grand-mère Isabelle et ceux de Thérèse CABON, dans les bulletins paroissial d’Audierne n°94 de février 1969 et 97 de Juin 1969(biblio n°3).Ces bulletins ont été réunis par Paul CORNEC dans un livre intitulé Audierne Autrefois(1)

Donc Isabelle avait sauvé la vie d’un capitaine de bateau ,qu’elle avait trouvé naufragé sur la plage à Kerdréal à Plouhinec. Elle avait suivi l’exemple de son frère Jean-Pierre et de sa sœur Thérèse.

Il raconte aussi :

« Mon père me disait qu’au cours de l’hiver ,il arrivait parfois que la provision de pommes de terre venait à manquer chez la grand’mère Isabelle…..Alors,ma grand’mère prenait un sac et s’en allait à grands pas chez sa sœur Thérèse.Celle-ci nageait comme un poisson Au cours d’un naufrage à la grève de Guendrez(Loc’h),elle avait arraché aux vagues plusieurs vies humaines.Et quelques années après, le gouvernement lui avait attribué un bureau de tabac,à Primelin;elle ne connaissait pas le dénuement.Et lorsque sa sœur Isabelle se présentait chez elle,elle lui fourrait des pommes de terre dans son sac et elles se disait aurevoir après avoir bu un petit coup de cognac,que l’une et l’autre ne détestaient pas »

Quelques remarques:

-La plage de guendrez  à Plouhinec(29) est actuellement un spot de surf et donc réservé aux bons nageurs

-la grande fraternité des CABON qui s’est transmise aux PERROT.

-L’amour d’ un petit coup de digeo;cela s’est perpétué dans la famille.Pour ma part je préfère un petit coup d’alcool de mirabelles de Lorraine produite amoureusement par mes soins, à partir de mes 3,000 m2 de vergers de Ludres(54).

Jeanne BLUTEAU :

Elle est née en 1916 à Audierne(photo) . Jeanne BLUTEAU,professeur de lettres et écrivaine est née Jeanne COUILLANDRE fille d’Henri COUILLANDRE ,guetteur sémaphorique et de Marie Françoise DAGORN( voir arbre généalogique)

Marie-Françoise DAGORN, est fille de Jean-Baptiste DAGORN et de Jeanne-Marie COUIC elle-même fille d’Isabelle CABON.

Donc Jeanne BLUTEAU ,est arrière-petite-fille d’Isabelle CABON ,sœur de Thérèse et par la même occasion ma cousine !!!

C’est elle qui a publié en 1954, dans le recueil de chansons de la Baie d’ Audierne, dans le chapitre histoire d’Isabelle(3) des poèmes à la mémoire d’Isabelle et l’un d’eux à la mémoire de Thérèse PREVEL(Prevel est le nom breton de Primelin) intitulé:La fille au cheveux de vagues.

A la mémoire de Thérèse Prével la sœur d’Isabelle

La fille aux cheveux de vagues
Jouait parmi le goémon
A ses doigts mettait des bagues
Une couronne à son front
La fille aux cheveux de vagues
rêvait parmi le goémon

Le suroît hurlait près d’elle
Que lui importaient ses cris !
C’était une ritournelle
Dont elle n’avait souci
La fille aux cheveux rebelles
Dans le vent chantait aussi

La fille aux cheveux de vagues
A vu venir sous le ciel
Un navire qui divague
Drossé par le vent cruel.
La fille aux cheveux de vagues
Ne chante plus sous le ciel

…A tiré sa cotte sombre
A marché dans les brisants
A hélé ceux qui dans l’ombre
Voyaient la Mort se posant
Vers la rive, sans encombre
Les guide en les apaisant…

La fille aux cheveux de vagues
A mérité, par ma foi
Sur ses doigts d’autres bagues
Et un bureau de tabac,
La fille aux cheveux de vagues
Qui chantait dans le suroît…

Ce beau poème a été traduit en breton par Per Jakez Helias avec seulement 4 strophes(voir photo)

Le poème en français a été mis en musique par Jeanne BLUTEAU et chanté par les Tregeriz dans un 45 tours intitulé « an alc’houez aour »(la clef d’or) référence du disque: Production Velia 2217 003

Autre référence écrite sur Thérèse CABON :

Il est question d’elle page 33 dans le livre de Lucien BOULAIN sur le Raz de Sein:diverses légendes sur la ville d’Is.(4)

Voici L’extrait du livre :

« Qui ne se souvient d’une femme au type énergique,Thérèse CABON?(voir photo)Elle a arraché à la mer bien des victimes, et cela à la nage. Elle obtint, sous l’Empire, la gérance du bureau de tabac de Primelin.

On lui faisait plaisir en contemplant ses médailles,qu’elle avait la gloire de montrer aux visiteurs. »

Référence sur le Naufrage

Grâce à la sagacité de Jeanne- Marie Louarn professeur d’histoire en retraite et épouse d’ un descendant de thérèse CABON, mon cousin Jean LOUARN, nous avons pu trouver récemment le bref récit du sauvetage réalisé par Thérèse CABON.

Ce récit est consigné dans les Annales maritimes et coloniales de l’année 1835 2ème série,Tome 2 page 401.

En voici le texte :

«  CABON (jean-pierre),Marie-Thérèse CABON, sa sœur, et Yves COSQUER, cultivateur.

Après le naufrage et l’échouement du navire la Jeannette-Françoise,le canot dans lequel s’étaitfugié l’équipage fut forcé par la tempête de faire côte à sept heures du matin,dans les brisants de la commune de plouhinec,et chavira:cette embarcation se trouvait encore au large,lorsque les nommés Jean-Pierre Cabon,âgé de vingt ans,Marie-Thérèse Cabon, sa sœur, et Yves Cosquer, cultivateur,se sont portés à leur secours en s’élançant vers eux à la nage, et exposant leur vie dans les brisants pour en retirer cet équipage, qui allait périr.

Ces braves gents ne bornèrent pas là leur généreux dévouement ; après avoir sauvé ces malheureux naufragés, ils leur prodiguèrent tous les soins que réclamait leur fâcheuse position.

Médaille d’argent et gratification aux trois sauveteurs,le 18 janvier 1834 »

Pour ce sauvetage Thérèse CABON reçut donc une médaille de courage et de dévouement ainsi que son frère Jean-Pierre et Yves COSQUERcultivateur;je n’ai pas réussi à l’identifier.

Apparemment, d’après Jean COUIC ,ce n’est que quelques années plus tard qu’elle se vit attribuer le bureau de tabac de Primelin.

En fait Henri PERROT, le mari de Thérèse CABON était recensé à Meilars en 1836.A l’époque il était marié avec Catherine MEIL qui est décédée le 14/11/1835.

Il s’est remarié à Plouhinec le 25/10/1838 avec Thérèse CABON. Le premier enfant du couple PERROT-CABON:Henri-Marie naît au bourg de Primelin le 3/11/1839.On peut donc penser que le couple PERROT-CABON s’est installé à Primelin après leur mariage.

On notera que sur le cadastre napoléonien de 1836 la maison du bureau de tabac n’existe pas.Elle aurait donc été construite après 1836.(voir photo).Elle est située juste derrière l’église de Primelin. Elle a subi de grosses modifications au niveau de la façade, et est en cours de rénovation actuellement. Les souches des cheminées témoignent du fait qu’elle était couverte de chaume(photo)

En 1841 Thérèse CABON est recensée comme débitante de tabac.Il semblerait qu’elle ait tenu le bureau de tabac jusqu’en 1890 ,car dans le recensement de 1891 c’est son fils Jean-Marie qui est déclaré débitant.En 1897 il était toujours débitant de tabac, puisque s’étant présenté comme adjoint au maire de Primelin, cela lui a été refusé conformément à la loi électorale.

Thérèse est décédée le 3/08/1893 à Primelin, à l’age respectable pour l’époque de 82 ans;Elle avait une sacrée santé !!!!et un petit cognac de temps en temps ça conserve !!!

Conclusion provisoire :

Il nous reste plusieurs choses à découvrir :

  • trouver un témoignage précis du naufrage de La Jeannette-Françoise;il faut peut-être rechercher aux archives de la Marine à Brest.
  • Retrouver la décision d’attribution du bureau de tabac à Primelin et sa date exacte .Les archives départementales de Quimper ne possèdent rien sur cette période(série 4)

– retrouver la maison des CABON à Kerdréal Plouhinec.

En conclusion de cette saga familiale, on peut donc affirmer que les CABON étaient très courageux et de sacrés bons nageurs.

Cette aptitude à nager s’est transmise à son petit-fils Mathieu mon grand-père dont je conterai plus tard dans ce blog les exploits et à son arrière-arrière-arrière petit-fils Mathieu ,moniteur de plongée et apnéiste(5’30 minutes en apnée).Pour ma part, avant ma tuberculose à l’age de 26ans

j’avais 6,5 litres de capacité respiratoire.

Affaire à suivre !!!Je compte beaucoup sur votre aide.

BIBLIOGRAPHIE

-1 Audierne Autrefois

Les billets de Jean Couic et de Daniel Guézengar .Editions du Cap-Sizun

-2 Bulletin paroissial d’Audierne n°94 de février 1969 et 97 de Juin 1969.Billet signé Jean de Lézourmel

-3 Jeanne Bluteau Chansons de la Baie d’Audierne.Seghers 1954

-4 Lucien Boulain Raz de Sein:diverses légendes sur la ville d’Is(françaises et bretonnes)Quimper 1893

-5 Annales maritimes et coloniales 1835 2ème série Tome 2

ACCUEIL

« Tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas  » a dit Hermès Trimégiste.

L’intention crée l’action( physique quantique)

Vie et Carrière de mon père

Né le 7 Novembre 1907 à Primelin (29770 Finistère) à la ferme de ses grands  parents maternels située au village de Kerscoulet (les RIOU sont à Kerscoulet depuis au moins 1600).
La légende dit qu’Eugène serait né dans le lavoir de la grand- mère ( voir photo), situé dans la vallée du Steir, le long du chemin descendant au moulin de Kerscoulet. Son père était quartier- maître chauffeur dans la Marine Nationale et sa mère sans profession.
Il a été à l’école primaire de Primelin de 1914à 1921 et ensuite il est allé fin 1921 à l’Ecole Primaire Supérieure de Douarnenez ou il était pensionnaire. Il a fréquenté l’option Menuiserie.
Il avait pris également la spécialité enseignement nautique qui préparait aux écoles de la Marine de Paimpol et Nantes.
En Mai 1925 il a passé le concours national de surnuméraire des PTT (6à7000 candidats)
Classé 110ème pour 100 pris il est nommé à Madagascar !!Il renonce et repasse le concours en Mai 1926.En septembre il est reçu et nommé en décembre à Paris .N’ayant pas fait le cours d’instruction, il a de grosses difficultés .Il travaille au bureau de Paris 30 ou il n’y a que des guichets. Le receveur l’a très mal reçu et a téléphoné à la Direction pour lui dire que cet employé, n’ayant pas suivi le cours d’instruction, était inutilisable !!et qu’ il voulait le rendre à la Direction.
Heureusement le personnel du bureau était très sympathique et 2 jeunes qui avaient suivi le cours se sont occupé de lui. Le personnel était essentiellement du Midi et du Sud-Ouest.
Un contrôleur l’a mis en doublure au guichet avec l’indicateur universel des PTT ;tous les soirs, Eugène le potassait. Après quelques semaines il pouvait tenir un guichet d’enregistrement des Lettres Recommandées et des paquets. Petit à petit il a donc appris le métier sur le tas.

En Mai 1928 il fait son service militaire à Brest au cours de télégraphiste et radio –télégraphiste du sémaphore du Parc au Duc. Il mangeait et dormait à la caserne Guépin qui était le siège de la Musique des équipages de la Flotte. Cela lui a permis de découvrir la Musique Classique.

En Septembre 1929 retour à Paris. En Octobre 1929 cours d’instruction de 3 mois à Chalons sur Marne. Cela lui a permis de montrer son expérience de dénicheur de nids de pie ;en effet après quelques coupes de champagne le jeu consistait à grimper le plus rapidement en haut des peupliers !!!Il a également ,en décembre aidé par son copain D’Hervé, sauvé de la noyade une jeune fille de 16 ans qui s’était jeté dans le canal ,à la suite d’un chagrin d’amour ;il n’a évidemment reçu aucun remerciement de sa part !!

En Janvier 1930 il est nommé au central télégraphique de Paris (3000 personnes) ou il reçoit l’instruction pour les appareils Baudot et Hughes.

En Avril 1930 il est nommé commis au central télégraphique d’Angers (49) .Il est polyvalent et travaille de nuit au téléphone.

En Novembre 1933 il se marie avec une jeune postière originaire de Saint-Christophe la Couperie(49) rencontrée au théâtre ;un premier enfant :Jean Yves naît le 16/04/1936.

En 1939 il passe le concours du Rédactorat sans préparation ;il n’est pas reçu mais est très bien classé. Fin 1939 il se met à apprendre en cours interne le droit public , le droit commercial et le droit international ;cela fut très difficile.

Le 10 Mai 1940,jour de l’invasion allemande naît le deuxième enfant :Alain ( c’est moi). ;cela lui évitera d’être mobilisé pour la guerre.

Il passe le concours du rédactorat fin 1940 :il est reçu début 1941 et est nommé à Blois
qui se trouve près de la ligne de démarcation. Le bureau est très important car il reçoit une dizaine de sacs par jour pour les passeurs. Fin 1941 le directeur demande à Eugène de se rendre d’urgence au bureau de Celles sur Cher avec la voiture de direction. En effet il a reçu une information comme quoi le facteur receveur risquait d’être arrêté par les Allemands car il était d’origine juive !!Après une entrevue avec sa femme et lui, Eugène lui conseille de passer en zone libre.Le lendemain à 6 heures du matin la Gestapo était chez le receveur qui avait fui.
Quinze jours après nouvelle alerte et Eugène recommence l’opération et le postier est sauvé ;mais quelques jours après,la Gestapo ne trouvant personne enferme sa femme et ses enfants .Le directeur informé ,se rend à la Gestapo ,en demandant de repartir avec la femme et les enfants. Il n’a pas de succès et est mis à la porte. Il refuse de repartir sans les personnes. Tard dans la soirée ils sont libérés. Mon père mériterait donc de faire partie des JUSTES.

Eugène passera un an et demi à Blois ;il revient de temps en temps à Angers. A la belle saison il vient à vélo passer le week-end à Angers.

Fin 1941 il est nommé rédacteur à la Direction Départementale d’Angers.

Compte tenu de l’Occupation il est très difficile de venir à Primelin car c’est une zone interdite. Eugène s’arrange avec Marianne la Secrétaire de Mairie de Primelin pour avoir des laissez-passer.

La Direction des Télécom d’Angers a des relations directes avec l’Armée Allemande ;mi-1943, celle-ci demande de grosses quantités de fils de cuivre. Malheureusement il n’y a pas de réserve et il faut donc démonter les fils télégraphiques ;heureusement les services allemands
sont mal organisés et pour 1000kg récupérés,300kg sont cachés le long des voies ferrées sous des tas de cailloux. Tout cela est risqué :dans le département de la Manche le Directeur a été fusillé !!!

En Avril 1944 naît le 3ème et dernier enfant du couple :Maryvonne

En 1945 Eugène passe inspecteur principal à l’ancienneté

En 1955 il appartient à la section des dirigeants de bureau de postes et est nommé receveur à Cherbourg. Le bureau de Cherbourg a un très important service de transbordement de milliers de sacs postaux venant de toute l’Europe du Nord et de l’Est par trains spéciaux, lesquels partent en Amérique sur les paquebots de la Cunard Line :le Queen Mary et le Queen Elisabeth. ,cela une fois par semaine,.la même opération se fait au retour d’Amérique.

En septembre 1958 suite aux gros problèmes de santé de son épouse, Eugène recherche rapidement un bureau avec un climat plus clément, c’est-à-dire celui du Sud-Est. Il atterrit au bureau de Marseille Saint-Giniez  dans le 8ème arrondissement de la ville ;c’est un bureau très mal tenu par le précédent receveur, dépassé par le déferlement des rapatriés d’Algérie. Il y a 160 facteurs dont 80% de Corses et 100 agents de bureau. Dès sa prise de service Eugène est soutenu par la Direction et obtient 10à 12 postes supplémentaires. Tous les ans il y a un accroissement important du trafic.
En 1968 le bureau comporte 250 facteurs et 200 agents.

Il a pris sa retraite en Juin 1968 comme receveur de classe exceptionnelle et depuis il coule des jours heureux dans sa propriété de Kerlavénan à Primelin. Ses passions sont la pêche, la lecture ,le jardinage et la défense de l’Environnement.

Pour le jardinage, il a planté 2 hectares d’arbres dans les propriétés de ses fils et il cultive et entretient toujours son jardin de 3000m2 ;il n’y a que quelques années qu’il a renoncé à la bêche.

Pour la défense de l’environnement, il a été un des fondateurs de la lutte contre la centrale nucléaire de Plogoff ; il était responsable du Groupement Foncier Agricole. Ce fut quand même un exploit de faire reculer l’Etat ;Merci Fanch Mitt !!!
Il a quand même été traîné en justice 3 fois pour cette affaire !!

Son épouse est décédée en Janvier 2005 à l’âge de 95 ans ;malgré son chagrin Eugène continue à vivre chez lui faisant ses courses,sa cuisine et est resté très autonome !!

Pour ses 100 ans (voir photo) il a réuni autour de lui ses 3 enfants ,6 petits-enfants et 3 arrière –petits-
enfants , ainsi que sa sœur âgée de 94 ans toujours en vie ;à cette occasion il nous a chanté des chansons de l’époque de sa jeunesse et raconté quelques anecdotes parfois croustillantes.

Il a conduit sa voiture ,une petite Samba grise, surnommée par les personnes du secteur, la Flèche Grise ,car il avait le pied lourd.,jusqu’à l’age de 101 ans.Grâce à la rupture de l’embrayage nous avons pu l’empêcher de conduire.En effet il avait tendance à conduire au milieu de la route et bon nombre d’habitants du Cap Sizun le croisant, n’ont dû leur salut qu’en roulant sur l’accotement !!!

Il continuait à planter des haricots à l’âge de 104 ans.

Sa mémoire immédiate étant largement défaillante il ne pouvait plus habiter seul chez lui et a fini ses jours à l’EPHAD de Cléden cap sizun et y est décédé le 20/12/2013 à l’age de 106 ans,
étant vraisemblablement un des doyens de Bretagne.